- Naohiko Noguchi« Pour moi, la véritable joie réside dans la découverte de sa propre manière de créer »
TOUT D'ABORD, MERCI DE PRENDRE LE TEMPS DE NOUS RÉPONDRE. VOUS ÊTES CONNU POUR VOTRE DISCRÉTION ET NOUS SOMMES TRÈS HONORÉS QUE VOUS AYEZ ACCEPTÉ D’ORGANISER CETTE EXPOSITION DE VOTRE COLLECTION DANS NOTRE BOUTIQUE WHITEbIRD DE MONT-THABOR, EXPOSITION QUI RÉJOUIRA SANS AUCUN DOUTE VOS FANS, COLLECTIONNEURS INCONDITIONNELS.
1. Pourriez-vous nous en dire davantage sur vous et présenter votre travail aux clients qui ne le connaissent pas encore ?
Enfant, j’étais fasciné par les vêtements, les coiffures et le maquillage des adultes qui m’entouraient, ainsi que par l’architecture que je découvrais. Après avoir obtenu mon diplôme dans une école de mode à Tokyo, je suis parti étudier en Italie. À 20 ans, alors que je cherchais un moyen d’entrer dans le monde de la mode, j’ai commencé à créer des bijoux en m’initiant seul, par l’observation. La première bague que j’ai réalisée fut un cadeau pour ma grand-mère, qui me louait alors le deuxième étage de sa maison.
J’ai ensuite lancé une marque de bijoux en argent pour hommes, puis à trente ans j’ai décidé de m’installer à Paris. J’y ai traversé une période de réflexion personnelle en vivant dans un appartement près du Canal Saint-Martin. Libéré de la manière de penser japonaise — « c’est ainsi que cela doit être » — j’ai commencé à me demander : « Qu’est-ce que je pense vraiment ? » et « Qu’est-ce qui me semble naturel ? ». Ce qui pouvait sembler évident pour les Français était entièrement nouveau pour moi en tant que Japonais, et ma vie à Paris m’a permis d'apprendre à me connaître plus en profondeur.
Après deux ans à Paris, je suis retourné au Japon et j’ai fondé Noguchi Bijoux avec ma femme. Les bijoux étincelants que j’avais toujours vus me paraissaient porteurs d’une certaine vanité ; je voulais donc créer quelque chose de différent : des bijoux que l’on puisse porter comme un accessoire, mais fabriqués à partir de matériaux précieux, pour accompagner discrètement les vêtements du quotidien.
2. Comment et où créez-vous vos bijoux ? Avez-vous avec une équipe d’artisans que vous avez formés ? Avez-vous des rituels de travail ?
Je vis à Kamakura, une ville ancienne entourée de temples et de la mer, et mon atelier se trouve à une dizaine de minutes de chez moi. Après le petit-déjeuner avec ma famille, je pars généralement vers 7h30. Mon déjeuner est un bento composé des restes du matin, d’un plat principal à base de viande et d’une soupe miso. Comme je commence à travailler tôt, j’essaie aussi de rentrer tôt, et je chéris les soirées passées avec ma femme et notre fille de dix ans.
Nous avons également une équipe de designers dans notre atelier de Tokyo, et j’encourage chacun à suivre sa propre voie créative. Autodidacte en joaillerie, j’ai toujours ressenti que copier les autres pouvait perturber mon propre flux créatif. Bien sûr, je suis là pour conseiller si nécessaire, mais je préfère laisser chacun développer son propre style.
3. Vos bijoux sont très reconnaissables. Pouvez-vous nous raconter comment vous est venue l’idée d’appliquer cette patine si particulière qui en estompe l’éclat ?
Comme je l’ai mentionné précédemment, je n'ai jamais été très à l'aise avec les bijoux trop étincelants, et j’ai plutôt cherché des textures et des formes qui s’harmonisent avec celui ou celle qui les porte. En expérimentant différentes proportions d’alliages d’or, j’ai trouvé un mélange idéal en or 14 carats, qui exprime une subtile impression d’ombre et une brillance douce et naturelle.
Cette formule est restée inchangée depuis la création de la marque. Cependant, avec les années, alors que ma famille proche et moi-même avons vieilli, j’ai commencé à ressentir que la finition traditionnelle pouvait parfois paraître un peu trop atténuée. C’est pourquoi certains de nos designs les plus récents portent une touche de brillance supplémentaire par rapport aux précédents.
4. Parlons maintenant de vos inspirations. Quelles sont vos influences en matière de bijoux, d'art et de design ? Êtes-vous attaché à des objets en particulier ? Si oui, lesquel ?
L’inspiration derrière mes bijoux, qui perdure encore aujourd’hui, provient de nombreuses sources : les vêtements et les personnalités des personnes qui m’entourent, ainsi que les détails que je remarque dans les rues que je parcours. Plutôt que de coucher mes idées sur papier, je préfère imaginer comment une pièce sera portée et explorer de nouvelles formes à partir de là.
À seize ans, j’ai hérité d’une montre Rolex automatique, offerte à mes parents par leurs proches lors de leur mariage. Adolescent, je rêvais de quelque chose de plus audacieux, comme une montre de plongée, mais j’ai porté cette Rolex depuis, en la confiant à l’entretien quand cela était nécessaire. Sa simplicité et son intemporalité ont fortement influencé mon approche du design. Je suis également fasciné par son endurance — garder le temps et se transmettre depuis plus de soixante ans.
5. Pouvez-vous nous parler de vos collections VSL et "profumo di Noguchi"?
La collection VSL incarne un nouveau standard de beauté, pensé pour résonner avec la maturité et l’élégance. Elle sera présentée pour la première fois chez WHITEbIRD. Comparée à la collection BIJOUX, plus délicate et décontractée, VSL se distingue par un volume plus affirmé et une qualité supérieure. Elle allie raffinement et sophistication, tout en s’intégrant naturellement dans la vie quotidienne. Lors de ce trunk show, la collection VSL sera disponible exclusivement chez WHITEbIRD, à la vente et sur commande.
« profumo di noguchi » est né de ma fascination pour la manière dont un parfum peut instantanément faire resurgir des souvenirs, ce que je trouve profondément émouvant. En même temps, je n’étais pas à l’aise avec la division classique des parfums en catégories « Homme » ou « Femme ». J’ai donc choisi de créer la catégorie « Human », inspirée du concept japonais traditionnel de 知 (connaissance), 情 (émotion) et 意 (volonté) — les trois éléments qui composent un être humain.
Je souhaitais des fragrances capables de réinitialiser ou d’élever l’humeur, à porter de manière intime et spontanée, à tout moment. C’est pourquoi j’ai choisi de créer des parfums solides. Je suis allé à Florence pour collaborer avec Lorenzo Villoresi à leur composition, tandis que les écrins en argent — que j’ai dessinés moi-même — sont fabriqués à la main dans notre atelier de Tokyo.
Aujourd’hui, Profumo est uniquement disponible dans nos boutiques de Tokyo, mais en avant-première de son lancement plus large, nous avons préparé un nombre limité de pièces spécialement pour ce trunk show. J’ai hâte que chacun puisse découvrir ces fragrances par lui-même.
6. Enfin, que diriez-vous à un jeune créateur qui souhaite se lancer en joaillerie ?
Je dirais : créez quelque chose qui vous appartient vraiment. J’ai appris la conception et la fabrication de bijoux en autodidacte ; il m’est donc arrivé de faire des détours, mais je n’ai jamais été enfermé dans l’idée conventionnelle de « ce qu’il faut faire ». Je crois qu’il n’existe pas de réponses absolument justes en matière de création. Lorsque je suis allé en Italie, j’ai réalisé que les techniques de fabrication dans la mode que j’avais apprises au Japon, précises au millimètre près, étaient totalement différentes de celles utilisées là-bas. Bien sûr, une base solide peut élargir le champ des possibles, mais pour moi, la véritable joie réside dans la découverte de sa propre manière de créer.
Noguchi Bijoux
chez WHITEbIRD
38, RUE DU MONT THABOR PARIS 1
+33 (0)1 58 62 25 86
BOUTIQUE@WHITEBIRDJEWELLERY.COM
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Les bijoux de Noguchi