Karen Chekerdjian

20/02/24

19 FEVRIER 2024

Karen's portrait by alain sauma
Anchors Pendant by Joe Kesrouani

« Mes bijoux sont lourds, ils ont de la matière, de l’épaisseur, du volume. Ils ressemblent presque à des bijoux archéologiques. Je n’aime pas la matière bien finie, je l’aime presque imparfaite. Je n’aime pas l’or brillant, je l’aime mat comme s’il avait été trouvé sous terre. »

- Karen Chekerdjian
Catene Necklace by Marco Pinarelli
Catene-Necklace-by-Nadim-Asfar

La trajectoire de Karen Chekerdjian dans le monde du design est la combinaison d’expériences pratiques dans divers domaines créatifs. Ses débuts dans la publicité et la conception cinématographique chez Leo Burnet à Beyrouth en 1991 ont été suivis par la co-fondation de l'une des premières entreprises de stratégie de marque au Moyen-Orient.
Passionnée, elle a obtenu un master en design industriel à la Domus Academy de Milan sous la direction de Massimo Morozzi, cofondateur d'Archizoom. Sa collaboration avec Morozzi chez EDRA a donné naissance a Mobil, son premier travail tangible en 1999.

Moins encline à la création de produits, Chekerdjian a utilisé son temps en Italie pour expérimenter et repousser ses limites créatives.
En 2001, elle a crée le Studio Karen Chekerdjian à Beyrouth, le transformant en un atelier créatif produisant sa marque éponyme, des meubles sur mesure et des designs spatiaux.

Ses œuvres, exposées a l'international depuis plus de deux décennies, brouillent les frontières entre l'art, les objets et les formes architecturales.

Bonjour Karen, nous sommes ravis d’accueillir vos bijoux chez Whitebird. 

1. Pouvez-vous nous parler de vos origines et de votre parcours ? 
Je suis libanaise d’origine arménienne. Je travaille et vit à Beyrouth depuis mon retour de Milan en 2000. J’ai donc ouvert mon studio il y a 24 ans dans un pays qui ne savait pas ce qu’était le design. J’ai très vite compris que j’aurais beaucoup de mal à trouver du travail vu le manque d’initiative des industries locales. En 2006 j’ai commencé à créer une ligne d’objets pour la maison avec les artisans locaux. J’ai initié les balbutiements du design libanais d’après-guerre avec deux autres compatriotes qui étaient aussi à l’avant-garde de ce qui se passe maintenant sur la scène du design au Liban.
Aujourd’hui j’ai ma marque éponyme, je fabrique toujours la plus grande partie de ma collection avec les artisans libanais à qui je dois beaucoup.

2. Vous êtes plus connue en tant qu’artiste pour vos meubles et vos objets, quand avez-vous décidé de vous lancer dans le bijou ?
Oui, j’ai d’abord été connue pour mes meubles-sculptures. L’objet est venu après, dès l’ouverture de mon premier lieu de vente au port de Beyrouth en 2009. J’ai ensuite développé une ligne de meuble et c’est en dernier lieu que j’ai travaillé le bijou. J’avais rencontré un artisan bijoutier qui n’avait pas beaucoup de travail. J’ai voulu l’encourager et ça m’a permis de faire mes premiers petits pas dans le bijou, il y a une dizaine d’année.

Armor Chocker by Nadim Asfar

3. Comment décririez-vous votre travail, quels sont vos matériaux de prédilection ? Quel est le lien entre les objets que vous créez et vos bijoux ?
J’ai une approche très conceptuelle, autant dans le bijou que dans le meuble. Je ne suis pas dessinatrice de bijoux, mais de meubles et d’objets ; je vois mes bijoux comme des petits objets qui ont une histoire. Chacun raconte une histoire, une petite histoire personnelle en général. Je travaille surtout le laiton plaqué or. Mes bijoux sont lourds, ils ont de la matière, de l’épaisseur, du volume. Ils ressemblent presque à des bijoux archéologiques. Je n’aime pas la matière bien finie, je l’aime presque imparfaite. Je n’aime pas l’or brillant, je l’aime mat comme s’il avait été trouvé sous terre.
Je les fabrique en laiton recouvert d’or pour la simple raison que ça me coûterait beaucoup trop cher de les faire en or. Je travaille parfois mes pièces en laiton oxydé, presque noirci.

4. Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Chaque collection démarre d’une petite histoire. Ça peut être un objet trouvé sous la mer, une collection de clous anciens trouvés au marché, une obsession pour un thème, un geste ou simplement la demande d’un client qui m’inspire.

5. Vous travaillez essentiellement avec des artisans locaux. Pourquoi cela est-il important pour vous ?
Ça a été, à la base, le résultat d’un constat. Je revenais de Milan où j’avais principalement travaillé chez EDRA, un fabricant de meubles industriels. Dès mon retour au Liban, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas d’industrie de meuble et pas d’éditeurs. Il y avait des artisans et c’était une très belle aventure de dessiner à chaque fois que j’en rencontrais un. J’ai toujours commencé par rencontrer un artisan puis je décidais d’expérimenter avec lui ses possibilités. Ce choix n’était donc pas voulu au départ, mais imposé. Petit à petit, cette réalité est devenue une partie intrinsèque de mon travail.

6. Vous avez vécu à Beyrouth durant votre enfance et aujourd’hui vous y passez encore beaucoup de temps. Comment cette ville vous influence-t-elle dans votre travail ?
Je vis encore à Beyrouth, mon studio et mon showroom sont là-bas. Je viens souvent à Paris mais je réalise que ça ne fait pas de moi une Parisienne. Je suis une Beyrouthine dans la peau. J’y ai grandie pendant la guerre civile libanaise, j’y ai construit ma vie, ma famille et mon travail. Cette ville me colle à la peau. C’est elle qui donne du sens à mon travail. Et c’est grâce à mon mentor Massimo Morozzi qui, un jour, m’a dit de rentrer travailler à Beyrouth. J’habitais Milan et j’espérais y faire carrière. Mon retour a forgé ma personnalité différemment et le résultat aurait été tout autre, si je n’avais pas suivi son conseil.

Spike one nail necklace by Nadim Asfar
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Spike-one-nail-necklace-by-Nadim-Asfar

7. Quelles sont les histoires derrière les noms de vos collections : Intrecci, Spike, Armor, Catene… ? 
Intrecci est partie d’un geste, un jeu avec de la pâte à modeler.
Spike est une collection de vieux clous trouvés. Les clous étaient très spécifiques dans leurs formes : chaque clou avait une utilisation précise.
Armor est une collection inspirée des armures qui me fascinent.
Catene est un travail sur la chaine et Anchor sur les vieilles ancres de bateaux.
J’aime l’idée de reprendre des objets et d’en faire des bijoux.

8. Si vous aviez un message à faire passer à un jeune designer ou artiste, quel serait-il ?
De toujours dessiner en gardant de vue que l’objet doit avoir du sens. L’esthétique vient du sens. Le décoratif ne suffit pas à en donner.

9. Avez-vous un projet que vous souhaiteriez partager avec nous ?
Un rêve ou un projet ? C’est peut-être la même chose…
Non pas vraiment pour le moment.
Ça me donne envie d’y réfléchir en ce début d’année 2024…

hugo7882
Spike Ring by Marco Pinarelli

10. Portrait Chinois
Si j'étais...
Une pierre : Du jade
Une fleur : Une tulipe noire
Un plat : Des pates
Une œuvre d’art : Une sculpture antique grec
Un livre : L’art de la joie (mais ça dépend du jour…)
Un pays : Le japon
Un animal : Un éléphant

Inside out x mmairo
Karen Chekerdjian
chez WHITEbIRD

38, RUE DU MONT THABOR PARIS 1

+33 (0)1 58 62 25 86

BOUTIQUE@WHITEBIRDJEWELLERY.COM

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REN9264
Bijou Viltier

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