-« Beaucoup de créations de mon père étaient guidées par une forme de puissance spirituelle qu’il possédait, et par la liberté absolue qu’il avait de la traduire grâce à sa maîtrise artisanale. »
Mona Jensen
WHITEbIRD a l'honneur d’accueillir, en exclusivité française, les bijoux d’artiste de la maison Griegst.
Il y a des univers qu’on ne peut qu’explorer les yeux écarquillés. Celui d’Arje Griegst (1938-2016) en fait partie : un artiste danois inclassable, qui transforma la joaillerie en un langage de formes libres et de rêves incarnés.
Dans les années 60, alors que le design scandinave prônait la retenue, lui choisit la démesure. Avec une esthétique comparable à celle de Dali ou de Gaudi, ses créations - bagues en fusion, spirales de lumière, visages liquides - semblent surgir d’un monde mythologique où la matière prend vie.
Arje Griegst est un artiste total, son œuvre évoque un rêve d’alchimiste : celui de rendre visible l’énergie cachée des choses.
En 2016, son fils Noam Griegst entreprend de prolonger l’odyssée paternelle et de faire revivre l’œuvre de Arje Griegst, aux côtés de sa mère Irène et son épouse Amalie. Photographe et directeur artistique de la maison, Noam n’est pas seulement l’héritier d’un artiste visionnaire, mais le gardien et l’aventurier d’un univers hors du temps. Entretien avec un couple qui fait dialoguer, encore, l’imaginaire, la magie et la matière.
Pourriez-vous raconter l'univers de votre père à celles et ceux qui découvrent son travail ?
Décrire l’univers de Griegst, c’est un peu comme essayer de décrire le mystère de l’univers lui-même. Mais je dirais que les œuvres de Griegst sont une traduction des merveilles magiques de la nature, des contes et des mythes issus aussi bien de la Grèce antique que des légendes danoises. Nos bijoux rendent hommage à tout cela.
2. Vous décrivez sont style comme baroque-punk, votre père comme un bad boy designer, pouvez-vous nous en dire plus ?
Je pense que lorsqu’on possède une vision aussi forte et la capacité de la concrétiser de ses propres mains, on ressent aussi le besoin profond de la partager avec le monde, quels que soient les codes, les tendances ou les traditions du moment. Il fallait du courage pour présenter un univers baroque et opulent à la fin des années 60, à une époque – et c’est encore le cas aujourd’hui – où le minimalisme régnait.
Et le punk, au fond, c’est cela : une attitude anti-establishment. C’est pour cela que nous avons choisi ce terme de baroque punk.
3. Vous êtes aujourd'hui photographe et directeur artistique de la maison Griegst. Qu’est-ce qui vous a donné envie de prolonger l'aventure artistique de vos parents ?
Être photographe, c’est voir beaucoup de choses et rencontrer des personnes très différentes, issues de tous les horizons. Cela m’a donné une direction visuelle forte sur la façon dont j’imaginais le travail de mes parents, et sur la manière d’y apporter ma propre sensibilité. J’ai voulu poursuivre cette histoire, inspiré à la fois par mon éducation et par mes vingt années de photographie de mode.
4. Vous avez grandi entouré d’art et de matière. À quoi ressemblait votre enfance dans cet univers que vos parents, tous les deux artistes et joailliers, avaient créé ?
Mon enfance était un joyeux chaos artistique. J’ai passé des heures dans leur atelier, entouré de nuages de fumée de cigare, de pierres précieuses et d’objets étranges, avec des opéras joués à plein volume. Pour être honnête, enfant, je trouvais souvent tout cela terriblement ennuyeux… Et puis un jour, en grandissant, on comprend la magie de cet univers.
5. Comment naissaient ses créations ? Quels étaient les grands thèmes qui le traversaient et les artistes qu'il admirait ?
Beaucoup de créations de mon père étaient guidées par une forme de puissance spirituelle qu’il possédait, et par la liberté absolue qu’il avait de la traduire grâce à sa maîtrise artisanale. Il admirait profondément des artistes comme Ernst Fuchs, Salvador Dalí et Gaudí.
6. Arje Griegst travaillait aussi bien l’or que le verre, la porcelaine ou le bronze et est allé bien au-delà de la joaillerie pour exprimer son art. Pouvez-vous nous parler des pièces maîtresses de son œuvre ? Qu’est-ce qui, selon vous, reliait toutes ces formes d'art ?
En joaillerie, la pièce la plus emblématique est sans doute la tiare Golden Poppies, réalisée en 1976 pour Sa Majesté la Reine Margrethe II du Danemark. Elle évoque un matin de printemps dans l’herbe, avec des gouttes de rosée en pierre de lune, des papillons aux ailes d’opale et des araignées en cristal de roche — le tout sculpté et assemblé à la main dans son propre atelier.
7. Pour lui, la joaillerie n’a jamais été un simple accessoire. Quelle était sa vision du geste du joaillier ? Rejetait-il la frontière entre art et artisanat ?
Arje rejetait complètement les frontières entre art et artisanat. Pour lui, la joaillerie était une forme d’art à part entière — un moyen de donner corps à quelque chose d’intangible. Chez Griegst, l’idée a toujours été de déconstruire la perception classique du bijou pour la réinventer à travers une beauté propre, presque organique, et pour sublimer celle ou celui qui le porte.
8. Présentée chez WHITEbIRD aux côtés des collections Faces et Cosmos, la collection Spiral est devenue emblématique de la maison Griegst. Pourquoi pensez-vous que ces formes en mouvement touchent autant de gens ?
Les collections Faces, Cosmos et Spiral que nous présentons avec WHITEbIRD ont été créées entre le début des années 70 et le milieu des années 90. Elles incarnent tous les éléments chers à Griegst : les contes, les merveilles spirituelles et les empreintes cosmiques. Pour moi, ces créations sont intemporelles — et même résolument modernes.
9.Certains bijoux présentés aujourd’hui proviennent de moules retrouvés dans l'atelier de vos parents après leur disparition. Comment faites-vous aujourd’hui pour préserver l'esprit de l'artiste, tout en ouvrant un nouveau chapitre ?
Il y a un esprit global que nous essayons de préserver à tout prix. Chaque pièce retrouvée dans les archives — qu’il s’agisse de moules, de cires ou de parties métalliques — est traitée avec la même attention : nous la restaurons, la photographions, la faisons revivre à travers des moyens contemporains. Et là, on réalise que ces créations transcendent le temps. Elles existent en dehors du temps, ou peut-être au-delà du temps. D’ailleurs, nos clients appartiennent à toutes les générations.
10. Pour vous, que signifie porter un bijou Griegst aujourd’hui ?
Aujourd’hui, demain, toujours : je vois ces bijoux comme de véritables œuvres d’art. Ils sont faits pour orner le corps avec beauté, comme on le fait depuis l’Antiquité, quand nos ancêtres portaient des bijoux pour créer, sublimer, voire protéger leur existence. Un bijou Griegst a quelque chose de talismanique
11. Le portrait chinois d’Arje Griegst :
s'il était…
Une pierre : une opale, comme un feu caché — une capsule de lumière dans la pierre
Une fleur : la fleur de Griegst, avec une opale sculptée en son centre
Un plat : un œuf mayonnaise, tout simplement parce qu’il adorait ça
Une œuvre d’art : Le Fantôme de Vermeer de Delft pouvant être utilisé comme table de Salvador Dalí
Un livre ou un auteur : Powers of Ten de Philip Morrison
· Un lieu ou un paysage : Jérusalem, pour sa dimension spirituelle
Merci d'avoir répondu à toutes nos questions et bienvenue à la collection Griegst !
Disponible dans notre boutique Saint-Germains
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Lun : 14h00 - 19h00
Mar - Sam: 11h00 - 19h00
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